« Chrétiens africains et ultramarins en migration : tensions culturelles et religieuses »

Journée d’études du CRBC : Chrétiens africains et ultramarins en migration : tensions culturelles et religieuses

Lundi 14 octobre 2024 – 9 Hfaculté de Lettres et Sciences Humaines Victor Segalen – UFR Lettres et Sciences humaines, Brest, bâtiment C, 3e étage, en salle C219.

Cadre et objet de la journée

Cette journée est consacrée à des aspects peu connus des migrations. Si les questions de l’Islam et de son intégration dans une société sécularisée et laïcisée sont depuis longtemps des questions publiques et politiques, celles de la présence de créoles ou d’Africains dans les communautés catholiques ou protestantes génère des tensions plus discrètes mais plus ou moins aiguës et qui modifient parfois substantiellement les « styles » religieux établis. C’est ce que l’on peut observer dans nombre de communautés protestantes « évangéliques » où les migrants sont de plus en plus nombreux, et même dans des paroisses catholiques.

Le phénomène a été étudié méthodiquement dans des paroisses catholiques de Lyon et Paris  sous l’angle des modes d’expressions propres à des migrants et des tensions qu’elles peuvent provoquer parfois avec le clergé et les fidèles habituels
Outre des analyses de terrain et dans le prolongement du travail mentionné ci-dessus, nous introduirons dans cette journée une réflexion illustrée sur l’usage réfléchi de la photographie comme instrument d’objectivation et d’interprétation, qui nous semble utile et féconde pour les terrains « anthropologiques ».

Centrée sur les comportements liturgiques, sans écarter d’autres dimensions, une partie de cette journée s’inscrit dans le champ large des questionnements sur la culture et l’identité. Les pratiques et productions collectives dans la liturgie sont analysées de manière différenciée avec, souvent, des questionnements de premier plan, portant notamment sur des dimensions symboliques fortes, des conflits ou luttes de propriété symbolique, alors que d’autres manifestations, plus discrètes, sont mobilisées de manière plus épisodique, en fonction d’enjeux contextualisés. Divers travaux d’anthropologie culturelle nous montrent à quel point, jusque dans l’intimité infracorporelle, les techniques du corps sont apprises et partagées en groupe. D’autres nombreux travaux indiquent l’importance des codes de civilité et d’interaction.

La prise en compte des tensions internes au clergé suite à la présence non marginale de prêtres africains (mais aussi polonais), permettra de focaliser sur la question du pouvoir et de l’autorité mais aussi sur la maîtrise inégale des codes culturels locaux et traditionnels par ce clergé « remplaçant », et les rapports qu’il entretient avec les autochtones laïcs et prêtres.

Contributeurs

  • Sophie Bava, Marseille
    Socio-anthropologue à l’IRD, membre de l’UMR AMU-LPED, coordinatrice du laboratoire mixte international Movida. Rédactrice de la revue Afrique(s) en Mouvement et chargée de mission Afrique-Méditerranée au sein de l’institut SoMuM.
  • Malik Nejmi, Orléans
    Photographe. Par sa pratique artistique, il a partagé un terrain au Maroc avec les anthropologues Sophie Bava et Bernard Coyault. Ils ont réalisé collectivement l’ouvrage Dieu va ouvrir la mer. Christianismes africains au Maroc, IRD éditions/ Kulte édition, 2022.
  • André Rousseau, Brest
    Sociologue, chercheur associé au CRBC. Il est notamment l’auteur de Pour une sociologie de la crise catholique. France, 1960-1980, CRBC éditions, 2015.
  • Corinne Valasik, Paris
    Enseignante-chercheuse, maîtresse de conférences en sociologie, doyenne honoraire de la faculté des sciences sociales, économiques et de droit de l’Institut catholique de Paris, membre du laboratoire de recherche Groupe Société religions Laïcité GSRL-CNRS. Elle est notamment l’auteure de « Les prêtres africains en France : de nouveaux missionnaires ? », in Valérie Aubourg, Jacques Barrou et Cécile Campergue (éds.), Migrants catholiques en France. Ancrages sociaux et religieux, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble Alpes, 2022, pp. 40-54.
  • Benjamin Vanderlick, Brest
    Ethnologue et photographe. En qualité de photographe, il a été associé à l’ANR ReliMig coordonné par Valérie Aubourg (2016-2021). Avec Valérie Aubourg ils ont publié l’ouvrage de recherche et de photographie Dieu Merci, expressions catholiques africaines et créoles, éditions Libel, 2021.
  • Valérie Aubourg, Lyon
    Ethnologue et professeure (HDR) de l’Université Catholique de Lyon où elle dirige l’UR CONFLUENCE : Sciences et Humanités (EA 1598). Elle conduit par ailleurs un projet de recherche collaboratif au sujet des populations catholiques issues de la diaspora et de la migration. Elle est membre associée du Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (CNRS-EPHE) et fellow à l’IC Migrations (institut convergence des migrations). Elle est coéditrice de l’ouvrage Migrants catholiques en France. Ancrages sociaux et religieux, Presses Universitaires de Grenoble, 2023.
  • Bernard Coyault
    Anthropologue, chercheur associé à l’Institut des Mondes Africains. Il travaille sur les dynamiques religieuses des parcours migratoires, la pluralisation religieuse en Afrique subsaharienne.