La parole coranique s’est exprimée dans un premier temps dans une société et un espace particuliers : la société nomade tribale du centre-ouest de l’Arabie, au VIIème siècle.
Comme tous les textes sacrés, le Coran a ensuite voyagé, à travers près de 14 siècles. Les mots sont restés les mêmes mais leur sens a souvent changé selon les lieux et les époques. Exemple : le mot rabi’ qui signifie aujourd’hui printemps signifiait au 7e siècle période de pluie et il y avait généralement plusieurs rabi’ dans l’année.
Une deuxième difficulté est que le Coran ne présente pas de fil narratif, il se présente comme un texte déstructuré, en divers morceaux : ce qui concerne Abraham dans le Coran est réparti en plus d’une centaine de morceaux.
Alors « Comment retrouver la figure historique de Mahomet ? » (C’est le titre de la conférence)
Pour retrouver la société des origines l’historien peut difficilement s’appuyer sur la tradition musulmane : la vie du Prophète (Sîra) et les dits du Prophète (hadiths) ont été mis par écrit 2 à 3 siècles plus tard, sous le régime dynastique des Abbassides de Baghdad (2000km de la Mecque). Par ailleurs, nous ne disposons d’aucune source historique relative à cette région, pour cette période du VIIe siècle.
Jacqueline Chabbi, quant à elle, préfère étudier l’anthropologie de ces sociétés tribales de l’Arabie aride, où de petits groupes humains sont affrontés à des contraintes vitales majeures.
Se développe alors une « société de survie » où le maître mot est l’alliance. Alliance indispensable à l’intérieur des clans pour en assurer la cohésion, alliance avec les tribus voisines pour éviter des conflits couteux en vies humaines. En cas de conflit, le vainqueur qui a ainsi manifesté sa force, peut alors se concilier l’adversaire en lui offrant de se rallier :
« Vous êtes devenus frères, alors que vous étiez ennemis… » (Sourate III, versets 103-104)